Lorsqu’un enfant rencontre des difficultés, il peut lui arriver de manquer de moyens ou de ne pas savoir quoi faire et cela peut mener à la production de comportements négatifs non désirés. Face à ces comportements, de nombreux parents ne savent pas comment agir et certaines de leurs interventions peuvent contribuer à augmenter le problème ou créer des cercles vicieux dont il peut être difficile de sortir.
Dans cet article, vous apprendrez comment apparaissent les comportements négatifs chez les enfants et pourquoi il est si facile d’y donner de l’attention négative. Vous comprendrez ainsi comment se crée le cercle vicieux de l’attention négative.
Par la suite, vous découvrirez dans l’article suivant 10 stratégies que j’utilise en thérapie pour diminuer les comportements négatifs.
Finalement, vous obtiendrez dans le troisième article de cette série 7 conseils à appliquer à la maison briser le cercle vicieux de l’attention négative.
Mais tout d’abord, je vous parlerai d’un de mes jeunes clients pour vous illustrer ce fameux cercle vicieux dont je parle.
Contenu de l’article:
À quoi peut ressembler le cercle vicieux - présentation d'une histoire de cas
Aujourd’hui, j’ai vu en thérapie un p’tit coco de 4 ans pour l’aider à participer aux activités de motricité fine de son âge. Nous avons fait un jeu pour stimuler ses capacités à manipuler des petits objets et un autre pour développer la prise du crayon. Puis nous avons fait un bricolage pour pratiquer le découpage et l’utilisation de la colle.
En plus d’avoir de la difficulté à apprendre à faire de nouveaux gestes, mon p’tit coco devient rapidement fatigué lorsqu’il doit fournir un effort pour se concentrer. Une petite tâche qu’il réussit assez bien peut subitement se transformer en montagne insurmontable lorsque la fatigue se pointe.
Cette fois, c’est l’activité de bricolage qui a fait déborder son cerveau déjà bien rempli par tout ce qu’il a eu à fournir comme effort et par tout ce qu’il a eu à traiter comme information. Après s’être appliqué vraiment fort pour colorier et découper, il ne lui restait plus assez de jus pour coller toutes les images au bon endroit.
Juste assez pour en coller 2 sur 8.
Alors qu’est-ce qu’il a fait ?
Il a commencé à produire toutes sortes de comportements négatifs comme déchirer le papier, le mettre dans sa bouche, faire voler le bâton de colle, le cacher sous ses fesses, faire des grimaces et j’en passe.
Et qu’est-ce que cela a provoqué ? Une bonne dose d’attention négative de la part de son parent.
« Ben non ! Fais pas ça ! Arrête ça ! Mets-le pas là ! Excuse-toi ! »
Mon p’tit coco s’est alors mis à courir dans le local puis est allé se cacher sous la table.
Ce qui a produit une nouvelle réaction du parent:
« Là, t’es vraiment pas gentil. Si tu continues, t’auras pas la tablette dans l’auto ! Pis je t’achèterai pas de quoi au dépanneur !»
Vous devinez la suite?
Dans le mille!
Cris et grosse crise de larmes sans fin.
Vous voyez le cercle vicieux? La suite de comportements négatifs et d’attention négative qui finit tôt ou tard par avoir l’air d’une prise de pouvoir et dans laquelle ni enfant ni parent ne se sentent bien.
Comment apparaissent les comportements négatifs chez son enfant
Dans notre cerveau, il y a des chemins tout tracés qui guident nos actions. Ces chemins se forment par la répétition d’une même action, d’une même pensée ou d’un même comportement. Ainsi, lorsqu’on répète souvent la même chose, un chemin se trace dans notre cerveau et produit un apprentissage qui a la longue se transforme en automatisme. Les automatismes sont comme des autoroutes ou des voies rapides. Ils sont donc plus faciles à utiliser et on a tendance à les emprunter sans trop y penser.
Quand un enfant produit à répétition des comportements négatifs, on peut penser qu’une voie rapide s’est formée dans son cerveau. Par exemple, si mon p’tit coco brise son matériel à chaque fois qu’il éprouve une difficulté ou se sent fatigué et que son comportement fait en sorte qu’il obtienne quelque chose, dans le cas présent de faire arrêter l’activité, il est possible qu’un effet d’apprentissage se produise et qu’une voie rapide se forme. Ainsi, à chaque fois qu’il se sentira en difficulté ou fatigué, il se peut que son cerveau utilise cette voie rapide ou cette réponse automatique pour régler le problème. Et plus ça marchera, plus il risque de généraliser le comportement négatif dans plusieurs contextes.
Et c’est probablement ce qui se passe pour mon jeune client.
Peut-être vous en doutez-vous, mais il n’y a pas qu’en thérapie que ce soit difficile. Ses difficultés de comportement se produisent également à la maison. Ses parents le décrivent comme un enfant très agité, opposant et imprévisible. Il peut à tout moment briser des choses, lancer des objets ou se sauver. Ses parents aimeraient qu’il écoute les consignes et qu’il fasse ce qu’ils lui demandent. Cela les rassurerait sur les capacités de leur enfant mais aussi sur leurs propres capacités en tant que parent. Comme ils n’arrivent pas à changer les choses, ils se sentent impuissants et ont peur de comment deviendra leur enfant en grandissant.
Comme tous les parents, ils veulent que leur enfant apprenne à bien se comporter alors ils interviennent du mieux qu’ils peuvent. Toutefois, leurs interventions produisent une grande quantité d’attention négative.
Pourquoi il est si facile de donner de l’attention négative à son enfant
Tous les humains ont des voies rapides dans leur cerveau qui produisent des réactions automatiques.
En tant que parent, lorsque nous réagissons de façon répétitive aux comportements négatifs de notre enfant, par exemple en lui donnant de l’attention négative, une voie rapide peut également se former dans notre propre cerveau. Et au fur et à mesure que notre cerveau utilise cette voie pour guider notre réaction, celle-ci se transforme en automatisme.
Ainsi, quand mon p’tit coco produit un comportement négatif comme déchirer le papier au lieu de le coller, la voie rapide dans le cerveau de son parent l’amène directement à dire « Non ! Arrête ça ! », donc à donner de l’attention négative à un comportement négatif. Cette voie rapide dans le cerveau du parent est probablement le résultat de toutes les fois où il a réagi ainsi face aux comportements de son enfant.
La suite de réactions automatiques de l’enfant et du parent finit par créer un cercle vicieux où s’enchaînent agitation, opposition et réprimandes jour après jour à la plus grande insatisfaction de tous.
Comprenez-moi bien, mon intention n’est absolument pas de vous faire vous sentir coupable d’élever la voix, de faire des reproches ou de vous énerver après votre enfant. Je crois profondément que si vous étiez en mesure de faire autrement, vous le feriez. Tout comme je crois profondément que si votre enfant était en mesure de faire autrement et de bien se comporter, il le ferait.
Certaines circonstances facilitent la création des voies rapides autant chez les enfants que chez les parents. Il y a par exemple le niveau de fatigue et le niveau de stress. Vous pouvez avoir des préoccupations ou des inquiétudes qui vous rendent moins disponibles. Vous pouvez également ressentir des émotions fortes comme la contrariété ou l’impuissance qui remplissent votre cerveau, élèvent votre niveau de stress et rendent vos neurones moins efficaces.
Si j’écris ceci, c’est pour vous aider à comprendre pourquoi il est possible que vous vous sentiez pris dans un cercle vicieux avec votre enfant, mais surtout, pour vous proposer des solutions.
Dans l’article suivant, je vous expliquerai comment en tant qu’ergothérapeute, j’aide les parents et les enfants à briser le cercle vicieux de l’attention négative. Également, je vous donnerai des conseils que vous pourrez appliquer dès maintenant à la maison pour améliorer la situation de votre enfant en l’aidant à modifier ses comportements.
On se retrouve donc très vite pour la suite!
Vous connaissez quelqu’un qui vit des difficultés avec son ou ses enfants? N’hésitez pas à lui partager ce contenu.
Et l’ergothérapie dans tout ça
L’ergothérapeute, par son intervention, soutient et stimule les capacités de l’enfant à s’engager dans ses activités et à y participer d’une façon qui soit satisfaisante pour lui et sa famille tout en favorisant le développement de son potentiel.
Sans engagement ou sans participation dans les activités propres à son âge, l’enfant se voit privé d’opportunités de faire les apprentissages nécessaires à son développement. L’opposition, l’agitation ou l’évitement produisent le même résultat lorsque le problème est chronique, c’est-à-dire de priver l’enfant d’opportunités d’apprendre et de se développer.
Les difficultés de comportement coexistent fréquemment avec les difficultés de développement. Dans les deux cas, il est important de supporter le système nerveux de l’enfant et de l’aider à le réorganiser avec des stratégies adaptées à ses besoins.
L’intervention de l’ergothérapeute permet donc d’augmenter la disponibilité et la réceptivité de l’enfant et d’amener un sentiment de sécurité qui favorisera l’engagement dans ses activités et l’apprentissage des comportements et des capacités attendues.
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